MAZÉ Laurent (Mgr Paul, s.s.c.c.) (1885-1976)
MAZÉ, Laurent (Monseigneur Paul). (1885-1976). - Cinquième vicaire apostolique de Tahiti. Né le 4 avril 1885 à Pleyben (Finistère). Profès picpucien le 8 décembre 1904 ; prêtre le 25 septembre 1910, le Père Paul arrive à Tahiti le 4 décembre de la même année. Passera d'abord huit ans aux îles Cook à Mauke, 1910-1916, puis à Atiu. Est envoyé aux Tuamotu en 1918 ou, après deux années passées avec le Père Amédée Nouailles* à Hikueru, il sera seul en charge des îles de l'Est, n'ayant aucun poste fixe, mais circulant d'île en île, sans cesse en voyage sur les goélettes à voiles, alors les plus nombreuses dans ces parages difficiles, ou sur son petit cotre, le Saint-Pierre. Actif et entreprenant, homme de jugement pondéré, prêtre à l'âme apostolique et ne vivant que pour les gens des Tuamotu dont il connaît bien la langue, le comportement et les habitudes de vie, vingt ans le Père Paul maintiendra dans les Tuamotu de l'Est les grandes traditions des Fierens* et des Terlyn*. Après la mort de Mgr Nouailles*, en 1937, il fut nommé évêque titulaire d'Ascalon et vicaire apostolique de Tahiti, le 8 novembre 1938. Il sera sacré à Papeete, le 30 avril 1939, par son collègue Mgr Le Cadre*, vicaire apostolique des îles Marquises. Évêque, Mgr Paul Mazé sera bloqué dans son vicariat par la Seconde Guerre mondiale et ne fera sa première visite ad limina qu'en 1946 ; la seconde ayant lieu en 1955. Poussé par une vive compréhension des besoins des populations dont il a la charge et devant l'impressionnante montée démographique que connaît alors la Polynésie française, remontée qui se joint à une concentration urbaine à Papeete, Mgr Mazé fait effort pour fournir à la jeunesse tahitienne des maîtres et des guides. Il obtient du F.I.D.E.S. d'importantes contributions, qui jointes aux dons de la population lui permettent d'agrandir, en 1948 et en 1956, les bâtiments du pensionnat mixte d'Uturoa ; d'ouvrir, avec le concours des Sœurs de Notre-Dame des Anges qu'il fait venir du Canada, un pensionnat à Faaa en 1951 et un autre à Taravao en 1962 ; de faire construire à Papeete, dans le quartier de Taunoa une école de filles (1957) qui sera confiée aux Sœurs de Notre-Dame des Anges et une école de garçons, Saint-Paul, prise en charge par les Frères de Ploërmel. En même temps, il appuie le programme des Frères qui, en plusieurs tranches, construisent d'imposants bâtiments scolaires sur la colline qui domine la cathédrale. En 1952, un petit séminaire est installé, à Mitirapa, dans la presqu'île de Taiarapu, nouvelle manifestation de la volonté manifestée par Mgr Mazé dès 1939 et reçue alors dans le septicisme général de tout faire pour permettre la naissance d'un clergé local. Une nouvelle paroisse, Sainte-Thérèse, est créée en 1956, à Papeete. A la même époque, Mgr Mazé introduit à Tahiti les Sœurs Notre-Dame du Bon Pasteur d'Angers pour lesquelles il construit une résidence et fonde une congrégation locale des Filles de Jésus Sauveur. Il voit, de 1963 à 1968, la municipalité de Papeete restaurer sa cathédrale dont l'intérieur est modernisé. Les offices ont alors lieu dans l'église dite « de la mission », hangar américain transformé en une salle susceptible de recevoir 1 000 personnes et qui demeurera utilisée par les catholiques du quartier de la Mission. Mgr Mazé tiendra à assister à Rome, de 1962 à 1965, à toutes les séances de Vatican II. En juin 1966, lors de l'établissement de la hiérarchie dans le Pacifique Sud, le vicariat apostolique de Tahiti devient l'archevêché de Papeete, avec l'évêché de Taiohae comme suffragant. Deux ans plus tard, le 3 juin 1968, Mgr Mazé a la joie de consacrer évêque l'abbé Michel Coppenrath*, un enfant du pays. On a fêté le 4 avril précédent ses trente années d'épiscopat : il peut chanter son nunc dimittis et se retirer dans le presbytère de Taravao où il achève une longue carrière dans le recueillement et la prière.
Au cours de sa carrière épiscopale, Mgr Mazé a vu mûrir les premiers fruits de l'œcuménisme. Les conflits avec les différentes dénominations religieuses locales, qui avaient marqué à Tahiti le XIXè siècle et le début du XXè siècle, s'estompent et ne se manifestent plus guère que par les polémiques de presse ou de radio sur des interprétations bibliques ou des questions de crédits scolaires. L'homme de fermeté doctrinale se double en effet chez Mgr Mazé d'un gentilhomme courtois et de tempérament irénique. L'administration, même dans les situations les plus délicates, a toujours apprécié la loyauté de son action. Les populations admirent l'orateur disert qui manie avec abondance la langue tahitienne, le prêtre charitable qui visite les malades, le religieux vivant dans la plus stricte pauvreté personnelle, le pasteur accueillant à la bonté compréhensive. Il est commandeur de la Légion d'honneur depuis 1962. Ses armes portent l'hermine de Bretagne sur champs d'argent ; les Sacrés-Cœurs ; une rose à trois pétales tombantes ; son cotre, le Saint-Pierre, voguant à pleines voiles. Mgr Mazé a ainsi marqué ses origines, la congrégation à laquelle il appartient, Sainte-Thérèse de l'Enfant-Jésus et sa vie de marin. Décède le 21 décembre 1976 à Papeete (Tahiti).