Ville de Papeete
28 7bre 1914
Commandant des troupes
Monseigneur,
C’est pour moi un devoir et une joie de reconnaître le courage et le dévouement de votre clergé au cours des évènements qui viennent de se passer à Papeete.
Les prêtres et les frères qui ont été incorporés ont conservé en cette circonstance une attitude dont il convient de hautement les féliciter.
En ce qui vous concerne personnellement, Monseigneur, je ne puis que vous témoigner ma respectueuse admiration et vous remercier au nom de l'armée dont je suis le représentant.
Pour vous rendre au poste le plus dangereux où vous appelait votre devoir d'aumônier militaire, vous avez gravi sous le feu de l'ennemi la pente entière, découverte, exposée, qui mène aux batteries. Une fois arrivé, vous avez contribué puissamment par votre autorité morale et votre courage, au maintien du calme et du sangfroid.
Hier encore, du haut de la chaire, dans un élan oratoire, illuminé du plus pur patriotisme, vous avez su dire comment Papeete, par son attitude ferme et courageuse, a évité la honte d'une capitulation ennemie. Vous n'avez pas hésité à stigmatiser ceux qui, avant l'alerte, parlaient de se rendre, et qui, après l'alerte, critiquent les mesures prises. Ces mauvais Français n'ont cessé d'exercer leur détestable influence que pendant le combat : à ce moment ils avaient fui.
Je vous remercie profondément de ces paroles qui prenaient dans votre bouche une singulière autorité, du fait même que vous aviez su les faire précéder par des actes.
Recevez, monseigneur, le témoignage de ma respectueuse reconnaissance et de ma filiale affection.
Le Commandant des troupes
Destremeau
Lieutenant de Vaisseau