HERMEL, Mgr Athanase (André-Etienne) (1873-1932)
HERMEL, Mgr André-Etienne (1873-1932). Vicaire apostolique de Tahiti. Né le 26 avril 1873 à Fécamp (Seine-Maritime), où son père est armateur. Etudes au petit séminaire d’Yvetot et au grand séminaire de Rouen, alors tenu par les picpuciens. Fait profession dans cette congrégation, le 25 décembre 1896. Ordonné prêtre le 25 juillet 1897. Professeur au grand séminaire de Rouen et prédicateur à Paris, 1901-1902. Reçoit en 1902 son obédience pour l’Océanie. Le « Père Athanase » arrive le 23 janvier 1903 à Papeete. Nommé dès la fin de l’année curé de la cathédrale de Papeete, ses qualités et son savoir-faire le désignent rapidement à Mgr Verdier, fatigué, comme son coadjuteur. Le 15 mai, le Saint-Siège le nomme évêque titulaire de Casium. Il est sacré à Papeete, le 27 août 1905, par Mgr Verdier et Mgr Martin. Ses trente-deux ans font alors de lui le plus jeune évêque de la chétienté. Mais sa mission lui paraît « une des plus vastes et des plus pénibles du monde ». En fait, Mgr Verdier se retirant complètement de l’administration en 1908 et vivant dans une totale retraite, son coadjuteur aura très vite toute la responsabilité du vicariat. Six mois après son sacre, la Polynésie subit le terrible cyclone de février 1906 qui ravagea les Tuamotu. Pendant que Mgr Verdier pense à aller chercher secours à San Francisco – qui subit justement alors son tremblement de terre ! – Mgr Hermel, en mai d’abord, puis en juillet-octobre, visite une trentaine des Tuamotu pour y porter des secours et organiser la remise en état. En 1914, il réclame spontanément, dès la mobilisation, le poste d’aumônier de la petite troupe qui fut constituée à Papeete pour en assurer la défense. Le jour du bombardement de Papeete, il se tint sous les obus, à son poste de combat, qui était au sémaphore, près du commandement de la défense.
L’épiscopat de Mgr Hermel verra le Père Maurel s’installer dans les îles-Sous-le-Vent, les Pères Prat et Cavaignac prendre pied dans les Australes en 1909, un missionnaire arriver à Rurutu en 1929. Il défend les écoles au moment du combisme et sauvegarde la présence des Frères et des Sœurs de Cluny qu’il installera même à Raiatea en 1925. Il fonde deux journaux : en 1909, le Semeur, en français et, en 1914, Vea Katorika, en tahitien ; plus tard, aux îles Cook, le Torea Katorika. Fera paraître, en particulier, le guide des catéchistes tahitiens (1911), la Bible (1913), un grand catéchisme (1924). Il demande et obtient du Saint-Siège, en 1922, l’érection des îles Cook, en une circonscription ecclésiastique séparée : la Préfecture apostolique des îles Cook, et y fait nommer le Père Bernardin Castanié. Il s’efforcera de susciter des vocations sacerdotales parmi les Tahitiens, se faisant parfois lui-même professeur de latin, sans d’ailleurs parvenir à ses fins. Il écrira une vie de son prédécesseur, Mgr Jaussen, dont le manuscrit ne fut jamais publié. Fait plusieurs voyages ad Limina, en 1924, 1928 et 1931. Au cours de ce dernier séjour en Europe se sentant fatigué, brusque son retour et s’en vient mourir, d’un cancer de l’estomac, à Papeete, le 20 février 1932. Son jubilé, en 1930, avait été à Papeete l’occasion de grandes manifestations de sympathie. Le jour de ses obsèques la population lui fera d’imposantes et chaleureuses funérailles. Il repose dans le cimetière de la mission, à Papeete. Il était chevalier de la Légion d’honneur. L’amiral Decoux, dans ses souvenirs, le dépeint comme un « homme direct, solide et aux idées larges, élevé dans l’ambiance marine ».
Les armes de Mgr Hermel étaient : écu écartelé d’azur et d’or, portant au 1er écart deux cœurs de gueule ; au 4e écart une barque de sable ; au 2e écart une étoile d’or ; et au 3e écart un cocotier terrassé de sinople ; avec la devise : In timore Domini, fiducia fortitudinis (Prov. XIV, 26). Il avait voulu rappeler, avec les Sacré-Cœurs, sa famille religieuse ; avec la barque, son père, l’armateur fécampois ; avec le cocotier, la mission de Tahiti, son pays d’adoption ; avec l’étoile de mer, prise dans le blason de Mgr Jaussen, sa dévotion aux traditions missionnaires du grand évêque.
BIBLIOGRAPHIE. – On trouvera une bibliothèque complète de Mgr Hermel dans Streit, Bibliotheca Missionum, vol. 21 p. 445-446. – Il a publié de nombreuses lettres dans les Annales des Sacrés-Cœurs, de 1903 à 1931 ; les Missions catholiques, 1906, 1911,1926, etc. – En ce qui concerne sa personne, les Annales des Sacrés-Cœurs ont raconté son sacre, 1905, p. 365-378, ill. ; son jubilé d’épiscopat, 1930, p. 632-640 ; son voyage en France en 1931, p. 137-143 ; sa biographie, sous la signature du Père Ildefonse Alazard, 1932, p. 437-468 et 516-520. Son Oraison funèbre fut prononcé à Rouen, par Mgr du Bois de La Villerabel, le 11 mars 1932, (Rouen, 16 p.). Voir quelques pages le concernant dans : Amiral Decoux, Sillages dans les Mers du Sud, Paris, 1952, p. 369-370.