Vivat Cor Iesu Sacratissimum !
Napuka, le 20 septembre 1948.
Monseigneur,
J’ai reçu votre dernière lettre et je m’excuse de ce qu’il y a eu une lettre envoyé par moi sans timbres.
Si déjà dans les autres îles il fallait plusieurs semaines à préparer la population pour les pâques et le mariage alors à Napuka il y a eu 14 mariages le 18 août plus un mariage en danger de mort [1].
Napuka compte 38 familles mariées à l’église. Il y en a encore qui trouvent un prétexte de rien du tout à ne pas se marier. Il y a eu 130 communions pascales dont 84 adultes et 46 enfants. Parmi ce nombre il y avait quelques personnes de Tepoto et aussi de Pukapuka.
En arrivant ici la maison était couverte de deux côtés et on y a travaillé de façon que j’ai une maison un peu habitable. Comme le fare putuputuraa ne tient plus en place, il y a aussi la mer qui y entres au mois de janvier et février. J’ai donc demandé à l’amuiraa de faire un paepae de deux pieds de hauteur et on va y refaire le fare putuputuraa. Pour l’église il manque du bois pour les bancs. J’ai pensé si plus tard on trouve du zinc à faire de petites corniches pour conduire l’eau de pluie et recueillir dans les quatre angles. Alors un petit tuyau peut conduire par terre cette eau dans la grande citerne. Ce n’est pas seulement un travail qui va rendre l’église en ordre et en état durable mais l’amuiraa souffre de la pénurie d’eau potable. Déjà deux bébés sont morts comme empoisonnés par l’eau des puits.
Lorsque j’étais à Papeete j’ai oublié de faire une commission. J’ai porté les trois factures ci-jointes chez les Rév. Sœurs et j’ai remarqué qu’il n’y avait que le montant des deux premières. La Mère Supérieure m’a demandé de vouloir montrer cette dernière facture de 225 fr. J’ai déposé chez la Mère Supérieure le montant reçu pour les deux premières soit 2 261.50 frs. Je m’excuse de cet oubli, c’est en retrouvant les factures que je m’en rappelle.
Je demande à Monseigneur la permission et si Monseigneur juge que cela vaut bien la peine de demander des subsides pour une école à Fangatau avec 26 garçons et 25 filles et à Napuka avec 32 garçons et 26 filles. Ainsi on pourrait laisser une femme continuer l’école pendant mon absence. Quant à Jimi Dimos de Fakahina, je suis content de ne pas lui laisser l’argent de l’amuiraa vu que les gens du bateau disent qu’il n’en sort pas avec son auto et tous les autres moyens qui sont peu recommandables pour un homme sérieux.
Père André JR Putman
ss.cc.
[1] Taihea KAMAKE née en 1936, rapporte une anecdote médicale au sujet de cette femme en danger de mort qui vit encore aujourd’hui en 2002 à Papeete.