Père Gilles COLLETTE, ss.cc.

Père Gilles COLLETTE, s.s.c.c.

Compendium

 

Brève chronologie

1826 15 mars Naissance à Longroome (Manche) ;
1851 11 avril

Profession dans la Congrégation de la Société de Marie ;
Arrive à Papeete à bord de l’Aventure ;

1855 2 juin Ordonné prêtre à Papeete ;
1899 4 août Décès à son domicile à Papeete.

Carnet du personnel missionnaire

On trouve dans le Carnet du personnel missionnaire du Vicariat apostolique de Tahiti p.66 :

COLLETTE Gilles, Juste [prêtre]

Né le 15 mars 1826 à Longroome (Manche)
Fils d'Antoine Collette et de Marie Lecoq
Ordonné prêtre le 2 juin 1855 à Papeete
Arrivé à Tahiti le 19 novembre 1854 sur l'Aventure [11 avril 1851 R]
Décédé à Papeete le 4 août 1899

Biographie

COLLETTE Juste François (R.P. Gilles) (1826-1899) 

COLLETTE, Juste François (le Père Gilles). 1826-1899. - Religieux picpucien. Appelé par les Tahitiens Toreto. Né le 15 mars 1826 à Lengronne (Manche). Profès le 11 avril 1851. Débarque à Papeete le 19 décembre 1854. Y est ordonné prêtre le 2 juin 1855. Fonde à Tahiti les principaux postes de la mission catholique évangélisant avec succès les districts de Papeuriri, Tautira, Faaone, Atiue, Faaa, Haapape et Papaoa. Supérieur religieux de l'île de Tahiti en 1866. Provincial de 1873 à 1882. Crée une école au district de Mataiea (Papeuriri). En avril 1868, est nommé curé desservant de Papeete, fonctions qu'il remplira pendant de très longues années. Fondateur de l'Œuvre des apprentis « œuvre destinée à former, avec l'aide des frères de Ploërmel et sous la direction de frères coadjuteurs de Picpus, de bons ouvriers comme maçons, menuisiers, forgerons, horlogers ». Les élèves de cette sorte d'école professionnelle remportaient, à chaque concours annuel, des prix. Les ouvriers sortis de cette institution étaient recherchés sur la place de Papeete. Aumônier des troupes de la garnison de Papeete. Titulaire, à ce titre, d'une pension militaire en 1890. Volontaire en 1897, malgré ses soixante et onze ans, accompagne comme aumônier le corps expéditionnaire à Raiatea, pour soumettre des révoltés qui avaient à leur tête le chef Teraupoo*. Après la campagne, est décoré de la médaille militaire. Fit beaucoup de bien à la population tahitienne, en s'occupant particulièrement de sa jeunesse. Mais il s'était aussi préoccupé des anciens soldats et avait solennisé à leur intention la fête de la sainte Barbe, partronne des artilleurs dont il ouvrait toujours personnellement le banquet annuel. Ces initiatives, jointes à son caractère entier et à son esprit autoritaire, n'avaient pas été sans lui créer quelques difficultés avec son vicaire apostolique et Mgr Verdier* sera un jour obligé d'employer avec lui les arguments canoniques. Il meurt le 4 août 1899 à Papeete, regretté de tous. Les archives romaines des P.P. de Picpus conservent une curieuse photographie du père sur son lit de mort. Le jour de ses obsèques « six artilleurs médaillés réclamèrent comme un privilège de porter le cercueil de leur père et ami ». Il avait témoigné le désir d'être enterré au milieu de ses anciens paroissiens et repose au cimetière de l’Uranie. Une rue de Papeete porte son nom. Le journal Les Guêpes, n°8 du 12 septembre 1899, lui consacra un article qu'on trouvera reproduit dans les Annales des Sacrés-Cœurs, 1899, p.528-531, avec un portrait. Sur ses démêlés avec l'évêque, voir le Messager de Tahiti des 30 mars au 29 mai 1889. L'état civil tahitien orthographie son nom : Colette.

 

Bibliographie

Le journal Les Guêpes, n°8 du 12 septembre 1899, lui consacra un article qu'on trouvera reproduit dans les Annales des Sacrés-Cœurs, 1899, p.528-531, avec un portrait. Sur ses démêlés avec l'évêque, voir le Messager de Tahiti des 30 mars au 29 mai 1889. L'état civil tahitien orthographie son nom : Colette.

Documents d'archives

Annales des Sacrés-Cœurs – Année 1899 pp.528-531

Necrologie

Le R.P. Gilles Collette, missionnaire à Tahiti, ancien provincial.

Le journal de Tahiti « les Guêpes », organe des intérêts français en Océanie, publie, dans son numéro du 12 septembre 1899, l’article suivant à la mémoire du R.P. Collette, dont nous avons précédemment annoncé la mort.
« Une notabilité, le R.P. Collette (Juste-François), prêtre missionnaire des Sacrés-Cœurs et ancien curé de Papeete, est décédé, le 4 août, à la suite d’une longue et douloureuse maladie.
Né le 15 mars 1829 à Lengronne (Manche) et orphelin de bonne heure, il fut élevé par un oncle et fit ses premières études à l’abbaye de Mortain. Il n’était que minoré lorsqu’il arriva à Tahiti, le 18 décembre 1854, sur la corvette l’Aventure, commandée par M. du Bouzet, capitaine de vaisseau ; il était ordonné prêtre le 2 juin suivant.
Plein de zèle et de charité, cet ouvrier de la première heure sut gagner au catholicisme la plupart des fidèles que cette religion compte parmi la population indigène, tout en sachant se concilier l’estime des cultes adverses. Qui ne se souvient, parmi les vétérans de la colonisation tahitienne, des oeuvres que le vénéré défunt a créés : entre autres celle de Saint-Vincent-de-Paul, celle des apprentis, destinée à doter la colonie d’une pépinière d’ouvriers indigènes ! La vie du R. Père est intimement liée à l’histoire de ce pays. Nul n’ignore les services que ce patriote a rendus à la cause française, celle de la civilisation. Nul n’a aimé les soldats, les marins plus que lui ; il n’était heureux qu’au milieu d’eux ; tous, il faut le dire, lui rendaient son affection. C’est lui qui avait fondé ici la fête de la sainte Barbe, patronne des canonniers. On se rappelle avec quelle joie il procédait, avec le concours des autorités, à l’ouverture du banquet habituel ! Les artilleurs - c’était de tradition -, lui envoyaient une députation qu’il accueillait à bras ouverts, et, malgré son âge, ses nombreuses infirmités, il se rendait au milieu d’eux. Lors de l’expédition des Iles-sous-le-vent, à 72 ans, il sollicita de Mgr de Mégare la faveur d’accompagner les troupes, en qualité d’aumônier ; malheureusement, à ce moment, la maladie le clouait déjà sur son lit. Cependant quand le commandant supérieur, Bayle, le réclama, il se fit porter sur un côtre et rejoignit à Raiatea, le corps de débarquement. Malade, exténué, il remplit jusqu’à la fin de la campagne son devoir de prêtre, son devoir de père. Ses enfants  - comme il appelait les marins et les soldats - lui firent une ovation et s’il n’avait dépendu que d’eux, c’est une autre récompense qu’une médaille d’argent que la France eût décernée au Père Collette.
Il est mort, cet homme de bien, de tout ce que Papeete et ses environs comptaient de valide : hommes, femmes, enfants, sans distinction de rang, de culte, d’opinion, avait tenu à l’accompagner à sa dernière demeure.
«Aucune allocution n’a été prononcée à la cérémonie funèbre pour obéir - ainsi que l’a déclaré Sa Grandeur Mgr de Mégare qui présidait - aux dernières volontés du défunt.
C’est lui qui avait témoigné le désir d’être inhumé au milieu de ses anciens paroissiens que, pendant de longue années, il a soutenus, encouragés, consolés et ce dernier souhait a été respecté comme les autres.
C’est du R.P. Collette qu’on peut dire : Transiit benefaciendo. Il a passé en faisant du bien.
Le R.P. Gilles Collette avait fait profession le 11 avril 1851.
Arrivé à Tahiti en 1854, écrit le R.P. Georges, provincial, il se fait bien vite remarquer par le don spécial qu’il avait reçu de Dieu, d’attirer les indigènes à notre religion. Il travailla longtemps de concert avec le R.P. Clair Fouquet, de sainte mémoire ; et lorsque, celui-ci devenu lépreux en soignant les lépreux, fut contraint de repartir pour la France, ce fut le R.P. Collette qui lui succéda dans la charge de Supérieur de l’île de Tahiti (1868).
Il a évangélisé, avec un grand zèle et succès, les districts de Papeuriri, Tautira, Faaone, Atiue, Faaa, Haapape, et Papaoa.
Nommé provincial, un peu avant 1874, il en a exercé les fonctions jusqu’en 1882.
Depuis 1889, il était à la retraite, souffrant déjà des infirmités qui devaient le conduire au tombeau. Il est mort le 4 août, fête de Saint-Dominique et premier vendredi du mois, assisté par le R.P. Célestin Maurel, et muni des derniers sacrements qu’il avait reçus quelques jours auparavant.
Le commandant des troupes, M. Bourgoin, a aussitôt rédigé un ordre du jour en l’honneur du défunt, dont le dévouement à l’égard des marins et des soldats ne s’était jamais démenti. Aux funérailles qui ont été magnifiques par l’immense concours de monde, six artilleurs médaillés ont réclamé le privilège de porter sur leurs épaules le cercueil de leur père et ami, dont le nom vivra longtemps dans leurs cœurs. Le R.P. Collette avait été décoré comme eux, de la médaille militaire, pour sa campagne de Raiatea (1897).

non trié…

(15/3/1826 à Lengronne (Manche)- 4/8/1899 Papeete (Tahiti)

Prêtre, en religion père Gilles dit 'Toreto'. Il est arrivé à Tahiti en decembre 1854 en tant que prêtre - missionnaire, envoyé par la Congrégation des Sacrés-Coeurs de Jésus et de Marie, dite Picpus. Il dirigeait une école catholique à Mataiea (village à 45 km de Papeete où s'est installé 140 ans plus tard Gauguin).

Il participe à la création de la Mission (l'achat d'une vallée à Papeete, la construction de l'évêché puis de la cathédrale). Il fonde une école professionnelle - ateliers pour apprendre aux enfants les bases de vrais métiers (maçon, menuisier, charpentier...).

En 1866 il est nommé supérieur de Tahiti. Un an plus tard, il devient le premier curé de Papeete, seul prêtre reconnu par l'administration. Il s’installe à Faaa, et dote cette paroisse d’une belle église.

En 1868 il est nommé supérieur de la Congrégation de Picpus à Tahiti. Un an plus tard, il devient le premier curé de Papeete, seul prêtre reconnu par l'administration puis aumônier de la Marine. Il assume ensuite la charge d’aumônier de l’hôpital. En 1874, il est élevé au titre de provincial, dans le cadre de la réorganisation des missions devenues provinces autonomes aux yeux de la Congrégation.

Au cours de cette période de sa vie, son désaccord avec l'évêque animera la vie tahitienne de l'époque. Le P. Collette 1 a une vision plus gallicane de la mission. Il est tout près à voir les missionnaires devenir clergé séculier, entretenu par l’administration coloniale. Cette position n’est certes pas celle du vicaire apostolique, ni d’ailleurs de la majorité des missionnaires picpussiens, hostiles à tout ce qui touche à l’administration française des E.F.O. Mgr Jaussen campe sur des positions très ultramontaines : dépendre de Rome et de Rome seule, tel est son credo. Il y a, on le voit, une solide divergence de vues.

En 1883, il est remplacé à son poste de provincial de la congrégation. En 1889, il est sanctionné par l’évêque, il n’a plus le droit d’exercer son sacerdoce et cède les cures de Papeete, de Faaa, et l’hôpital. Finalement en 1891, le supérieur général de Picpus l’autorise à rester à Tahiti et l’évêque lève la sanction, mais l’affaire est close.

Il décède le 4 août 1899 et est inhumé au cimetière de l'Uranie à Papeete.

Une rue de Papeete porte toujours son nom.

Il a reçu une médaille d’honneur de première classe par le ministre des colonies en reconnaissance de son action en tant qu’aumônier volontaire auprès des troupes chargées de soumettre les rebelles des Iles-sous-le-vent (opérations militaires de Raiatea et Tahaa). Il a alors 73 ans et 45 ans de mission 2.

 

Sources et notes

1. Pierre-Yves TOULLELAN, Missionnaires au quotidien à Tahiti, les Picpussiens en Polynèsie au XIX° siècle, E.J. Brill, 1995.

2. Les missions catholiques, bulletin hebdomadaire illustré de l’œuvre de la propagation de la foi , tome 30, janvier-décembre 1898, p. 448.

(http://fr.geneawiki.com/index.php/COLETTE_Juste_François)

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