Entre le 4 février 1927 et le 16 novembre 2015 ce sont plus de 88 ans de vie donnée : à la famille, (nous saluons ici Henri son frère), aux amis, aux confrères, à l’enseignement catholique, à l’Église, surtout à l’Église de Polynésie, bref toute une vie donnée à « Dieu Seul ! » comme le proclame la devise de la Congrégation.
Frère Marcel n’a que peu vécu à Saint Lo sa ville natale. C’est surtout à Retiers que la famille a vécu. Les liens avec l’école et la communauté de cette petite ville furent très étroits et marqués au coin de la bonne humeur. Toute sa vie Frère Marcel a gardé un sens de l’humour jamais grinçant mais tellement facilitant dans des situations parfois délicates. Ce fut certainement un renoncement difficile de sa fin de vie lorsque la main commença à refuser de pianoter sur le clavier de l’ordinateur et que même la langue n’arriva plus à prononcer un son audible durant de longues semaines. Le séjour à la clinique des Augustines de Malestroit, si attentionnées aux malades en soins palliatifs, a sans doute permis de vivre ces semaines silencieuses dans la sérénité.
Après Retiers, ce fut le juvénat de Janzé. Frère Marcel y entra au début de la guerre en septembre 1939. Ce même temps de guerre l’empêcha de faire le noviciat à Jersey, et ce fut l’abbaye de Timadeuc qui accueillit le groupe. Frère Marcel commence sa carrière de religieux enseignant à Cancale pour 3 ans. La grande disponibilité du Frère Marcel a permis aux supérieurs de l’affecter à un nombre impressionnant d’établissements, y compris en cours d’année scolaire. On peut citer pêle-mêle Redon, Le Grand Fougeray, Janzé, Mordelles, Cancale, Fougères, enfin Redon à nouveau au retour de la session de formation à Rome. De plus il faut ajouter que les fonctions furent aussi variées que les lieux de leur exercice. Frère Marcel exerce avec le même succès dans le 1er degré, dans le collège, au certificat d’étude … bref du CP au CEP.
Heureusement cette période était en attente d’une stabilité, sans doute désirée, dans un pays inconnu, la Polynésie. Frère Marcel y arrive en 1965 et il commence à l’école Fariimata en pleine construction. Il dirige ensuite l’école Saint Paul durant 3 ans.
Sa mission principale en Polynésie restera la réouverture de l’école Saint Joseph à Nuku-Hiva aux Iles Marquises en 1971. Frère Marcel s’est donné corps et âme à cette mission tant comme enseignant que comme confrère attentif, attentionné, et sécurisant auprès du Frère Ronan Le Gouil son supérieur. Il reste fidèle à son tempérament facétieux même avec Monseigneur Le Cléac’h qui savait riposter avec la même bonne humeur. Combien de jeunes marquisiens doivent à Frère Marcel leur diplôme de certificat. La population a tellement apprécié les séances de cinéma du dimanche après-midi, les kermesses qui duraient 3 jours avec tout ce que cela suppose de préparation.
Au bout de 13 ans, ce dévouement s’est poursuivi à Tahiti par un patient travail d’envoi de colis de toute sorte et par une correspondance assidue vers les Marquises. Le collège La Mennais de Papeete, celui du Sacré-Cœur de Taravao, le centre Tarevareva ont été également les heureux bénéficiaires des délicates attentions du Frère Marcel.
Hélas la santé suivait de plus en plus difficilement la volonté pourtant pleine d’énergie et il a fallu rentrer en métropole. Après un court séjour à Saint Brieux, ce fut l’arrivée à Josselin à l’été 2010. Frère Marcel a conservé, outre sa bonne humeur communicative, ses liens avec de très nombreuses personnes. Il a beaucoup écrit, il a reçu beaucoup de visites de ses amis polynésiens en congé en France.
Le dernier sacrifice offert avec le profond esprit religieux qui caractérisait Frère Marcel fut celui de la communication écrite et parlée. Mystère du cheminement spirituel de chacun.
Nous pourrions garder dans nos cœurs en nous souvenant de Frère Marcel :
Facilité du contact - Humour pour faire accepter des passages difficiles de la vie
Passion au travail non choisi et pourtant vécu à fond - Zèle apostolique auprès de tous sans distinction
Le tout enrobé de prière personnelle et communautaire.
F. Auguste RICHARD
© Frères de La Mennais