Michel HODÉE, 91 ans…
« Qu’est-ce que je peux faire pour Dieu ? »
Né en 1923, Michel Hodée est ordonné prêtre en 1950. S'ensuivent divers vicariats dans le monde rural et en ville, dix-sept ans dans la Sarthe (ACO et JOC), dix ans au centre des Capucins (soins palliatifs), des services en Polynésie... Un épais livre de vie, « feuilleté » pour vous, qui nourrit toujours le quotidien et la prière du père Michel Hodée.
Une page ne vous partagera qu'une image partielle de la riche vie du père Michel Hodée. Ne le démentiront pas les mariniers des bords de Maine, où Michel fait ses promenades quotidiennes et parfois quelques croisières en bateau. Ni les plus de 90 ans de son quartier rencontrés chaque jeudi au marché place Bichon. Ni les amis qu'il invite chez lui (où il fait sa cuisine), ou qu'il visite à l'hôpital. Ni ses amis de Pologne, Turquie ou Bora-Bora, tous reliés par Internet. Ni ceux de ses anciens combats...
« J'ai 91 ans et ce qui m'intéresse, c'est aujourd'hui. Au bréviaire, je change souvent les lectures des Pères des premiers siècles pour celles d'aujourd'hui. Je ne me sens pas au service de “l'Église”, non, mais au service de Jésus, notre Évangile en Église ». La racine profonde de Michel, c'est le Baugeois, avec ses richesses et ses lacunes autant humaines que chrétiennes. Cette racine l'a aidé à vivre les autres richesses et lacunes dans tous ses périples : camps de jeunes dans les cadres d'amitiés franco-allemandes et franco-polonaises, quand les cendres de 39-45 étaient encore tièdes ; labeur des Turcs immigrés sur le chemin de fer dans la Sarthe avec des conditions de travail et d'hébergement sordides, et 150 jours de grève.
Et la Polynésie !
Six allers et retours en vingt ans, le dernier à 88 ans. À l'accueil, collier de fleurs de tiaré ; au départ, collier de coquillages. Dans l'entre deux, découverte entre autres de Bora-Bora avec sa beauté et ses misères... Michel est appelé sur l'île Maupiti. Une communauté catholique microscopique (25 sur 1 200 habitants, en majorité protestants). En 2000, c'est la première messe célébrée à Maupiti, avec Michel. En 2002 : deuxième messe. Entre-temps, les catholiques se prennent en charge, et si un prêtre passe, il n'est pas le chef ; l'assemblée reste responsable.
Il y a peu, Michel a reçu un sachet de fleurs de tiaré, avec une tunique constellée de mots doux, signatures et dessins : bisous, bisous, bonne fête, joyeux anniversaire, « Mauruuru roa » (merci beaucoup), reviens... Et le dessin du patron de la paroisse : saint Pierre Célestin, le premier pape à se démettre de sa charge. Michel partage avec le carmel d'Angers, tout proche, la prière, la prédication (un peu), l'eucharistie. Il suit le pape sur Internet, envoie des documents liturgiques aux « îles bienheureuses » et réagit avec vigueur à toute actualité.
Il est toujours attendu au-delà de l'océan : « On t'aime tant qu'on a préparé ta sépulture, près du presbytère ». En attendant, sur son mur, une bannière musulmane, offerte par Mustapha, de Konya (Iconium-Turquie), avec des inscriptions du Coran et un grand titre en turc : « Aujourd'hui, qu'est-ce que je peux faire pour Dieu ? »
André Léridon, prêtre du diocèse.
© Copyright 2014 – L’Église d’Anjou – n°88 – décembre 2014