L'Église a besoin de prêtre !
Messieurs les Cardinaux,
chers frères évêques et prêtres,
frères et sœurs,
J'adresse à chacun mes salutations cordiales et je vous remercie sincèrement pour votre collaboration à la sollicitude du Saint-Siège pour les ministres ordonnés et leur travail pastoral. Je remercie le Cardinal Beniamino Stella pour ses paroles qui ont introduit cette rencontre. Ce que je veux vous dire aujourd'hui s'articule autour de trois thèmes, qui correspondent aux buts et aux activités de ce Dicastère : vocation, formation, évangélisation.
En reprenant l'image de l'Évangile de Matthieu, j'aime comparer la vocation au ministère ordonné au « trésor caché dans un champ » (13,44). C'est vraiment un trésor que Dieu met au cœur de certains hommes qu'il a choisis et appelés à le suivre dans cet état de vie particulier. Ce trésor, qui doit être découvert et porté à la lumière, n'est pas destiné à « enrichir » seulement quelques personnes. Celui qui est appelés au ministère n’est pas « maître » de sa vocation, mais administrateur d’un don que Dieu lui a confié pour le bien de tout le peuple, de tous les hommes, et même de ceux qui se sont éloignés de la pratique religieuse ou ne professent pas la foi en Christ. En même temps, toute la communauté chrétienne est dépositaire du trésor de ces vocations, destinés à son service, et doit être toujours plus consciente de son devoir de les promouvoir, de les accueillir et de les accompagner avec affection.
Dieu ne cesse d'appeler certains à le suivre et à le servir dans le ministère ordonné. Mais nous aussi, nous devons faire notre part, grâce à la formation, qui est la réponse de l'homme, de l'Eglise au don de Dieu, ce don que Dieu nous fait à travers les vocations. Il nous faut protéger et faire croître les vocations, afin qu’elles portent des fruits mûrs. Elles sont un « diamant brut », à travailler avec soin, avec le respect de la conscience des personnes et avec patience, afin qu’elles brillent au milieu du peuple de Dieu. La formation n'est donc pas un acte unilatéral par lequel quelqu'un transmet des notions théologiques ou spirituelles. Jésus n'a pas dit à ceux qu’il appelait : « Venez, je vais vous expliquer », « Suivez-moi, je vous enseignerai » : non ! La formation donnée par le Christ à ses disciples se fait à travers le « Viens et suis-moi », « Fais comme moi », et c'est cette méthode qu’aujourd'hui encore, l'Église veut adopter pour ses ministres. La formation dont nous parlons est une expérience de disciple, qui s’approche du Christ et lui permet de se conformer toujours plus à Lui.
C'est pour cela qu’elle ne peut pas être une tâche à accomplir, parce que les prêtres ne cessent d'être des disciples de Jésus, à sa suite. Parfois, nous agissons de façon expéditive, d'autres fois nous allons d’un pas incertain, nous nous arrêtons et nous pouvons aussi tomber, mais en restant toujours sur le chemin. Par conséquent, la formation du disciple accompagne toute la vie d'un ministre ordonné et implique toute sa personne : intellectuellement, humainement et spirituellement. La formation initiale et continue sont distinctes car elles requièrent des méthodes et le des rythmes différents, mais ils sont les deux moitiés d'une même réalité, la vie de disciple est d’être amoureux de son Seigneur et de le suivre constamment.
Un tel parcours de découverte et de valorisation de la vocation a un but précis : L'évangélisation. Toute vocation est pour la mission et la mission des ministres ordonnés est l'évangélisation, sous toutes ses formes. Il commence en premier lieu à « être », et ensuite traduit par « faire ». Les prêtres sont unis dans une fraternité sacramentelle, de sorte que la première forme d'évangélisation est le témoignage de fraternité et de communion entre eux et avec l'évêque. Une telle communion peut conduire à un zèle missionnaire puissant, ce qui libère les ministres ordonnés de la tentation confortable d'être plus préoccupés par le regard des autres et leur propre bien-être que motivé par la charité pastorale pour l’annonce de l'Évangile pour aller jusqu’aux périphéries.
Dans cette mission d'évangélisation, les prêtres sont appelés à être des pasteur, envoyés pour être au milieu de leurs troupeaux, pour rendre présent le Seigneur dans l'Eucharistie et pour dispenser sa miséricorde. Il s’agit « d’être » prêtres, en ne se limitant pas à « faire » les prêtres, libérés de toute mondanité spirituelle, conscients que c’est leur vie qui évangélise bien avant même leurs œuvres. Qu’il est beau, de voir des prêtres joyeux dans leur vocation, avec au fond d’eux une sérénité qui les soutient, y compris dans les moments de fatigue et de souffrance. Et cela n'arrive jamais sans la prière, celle du cœur, par le dialogue avec le Seigneur qui est le cœur de la vie sacerdotale. Nous avons besoin de prêtres, les vocations manquent. Le Seigneur appelle, mais ce n’est pas suffisant. Et nous, évêques, avons la tentation de prendre sans discernement les jeunes qui se présentent, c’est un mal pour l’Église ! S’il vous plaît, il faut bien étudier le parcours d’une vocation. Il faut bien examiner si cet homme appartient au Seigneur, s’il est sain, si cet homme est équilibré, s’il est capable de donner vie, d’évangéliser, s’il est capable de former une famille et d’y renoncer pour suivre Jésus. Aujourd’hui, nous avons tellement de problèmes, dans tant de diocèses, en raison de l’erreur de certains évêques qui prennent parfois ceux qui sont expulsés des séminaires ou des maisons religieuses parce qu’ils ont besoin de prêtres. S’il vous plaît, nous devons penser au bien du peuple de Dieu.
Chers frères et sœurs, les thèmes que vous abordez durant cette Assemblée sont d'une grande importance. Une vocation entretenue par une formation permanente dans la communion fraternelle, devient un puissant instrument d’évangélisation, au service du Peuple de Dieu. Que le Seigneur vous éclaire dans vos réflexions, vous accompagne aussi ma bénédiction. Et s'il vous plaît, je vous demande de prier pour moi et pour mon service dans l'Église. Merci.
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