PRESENTATION GENERALE DES TRAVAUX
DES COMMISSIONS DU SYNODE
Le rassemblement : sa genèse
Un Synode... ! « le rassemblement du peuple de Dieu cherchant à préciser avec le clergé et l'évêque sa mission ».
La communauté catholique polynésienne est peu nombreuse en comparaison de celle de certains autres diocèses. Il a donc été possible, comme en 1970 et 1973, de ne pas limiter sa composition aux seuls membres et délégués prévus par le droit.
Le Pape Jean-Paul II nous a demandé dès 1984 d'envisager « hardiment et avec espérance la nouvelle étape d'évangélisation que le Seigneur nous confie ». C'est de ce jour qu'est née et s'est développée peu à peu l'idée d'un nouveau Synode diocésain qui réponde à l'invitation du Pape. Depuis avec les chrétiens du monde entier nous avons été maintes fois invités à nous préparer à « une nouvelle évangélisation ». Le Pape, citant Paul VI dans « Evangelii Nuntiandi » s'adresse de la façon suivante aux évoques du Pacifique « à chaque conjoncture de votre histoire on a pu voir aussi ces liens profonds entre évangélisation et progrès humain tels que le Christ les a voulus et manifestés dans son propre ministère. Prenant en compte l'interaction incessante de l'Évangile et de la vie concrète de l'homme, l’évangélisation signifiait semblablement parler des droits et devoirs de tout être humain, de la vie de famille... de la vie en société, de la vie internationale, de la paix, de la justice et du développement ».
Un Synode cherche le « bien de la communauté diocésaine tout entière » mais ce bien ne procurera ni fruits ni joies si les chrétiens n'ont pas en même temps le souci de promouvoir le bien commun de la population tout entière.
« Marchons ensemble ! » mais vers les autres !
Tout effort pour promouvoir ensemble l'Evangélisation est éducateur du sens communautaire
Du reste le travail des 7 Commissions exprime bien ce mouvement.
D'un côté conviction que tout message, toute proposition, toute orientation venant du Synode doit s'accompagner d'un approfondissement de la Foi et d'une transformation spirituelle (Commission de l'Évangélisation et Commission de la Formation) aussi générale que possible.
D'un autre côté le sentiment que l'on est vraiment passé à une foi vivante et à la vie spirituelle qu'après avoir atteint les plus loin (Commission de l'Évangélisation et Commission des Iles) que sont les victimes de la société ou les jeunes (Commission des Jeunes).
Avec réalisme le Synode a bien discerné que nous ne pouvons avec le seul Évangile proposer des solutions humaines toutes faites. Nous ne pourrons apporter notre contribution au développement harmonieux des archipels que si nous acceptons de regarder sans peur, sans égoïsme la situation politique, économique et sociale de la Polynésie : toute transformation saine d'une société obéit à des lois spécifiques et contraignantes auxquelles nous sommes tenus de nous soumettre pour résorber les écarts dans les revenus, l'inégalité des chances sur le marché du travail et faire face à la désespérance de beaucoup de personnes et couples jeunes (Commission Société et Développement — Commission Famille).
Rend possible le sens social
II y a un moyen pour que se développe, d'un bord, vie chrétienne et spirituelle en vue de l’évangélisation et de l'autre bord l'engagement des laïcs dans le Territoire sans courir les risques d'affadissement que ceux et celles qui s'immergent dans les affaires ou la politique rencontrent immanquablement. C'est que tout chrétien soit imprégné de vie communautaire.
La famille est « communauté de vie », la première que devrait connaître tout baptisé et tout homme. La paroisse est communauté du peuple de Dieu (Commission Vie en paroisse). Elle est dotée d'un organisme nouveau qui auprès des prêtres et diacres de paroisse est justement chargé de rendre possible et effective cette communauté de prière — de partage — d'évangélisation, c'est le Conseil Pastoral Paroissial où chacun, chacune peut à tour de rôle travailler au bien de tous. Le Rosaire Vivant, comme tout autre groupement d'adultes peut aussi réaliser à l'intérieur de la paroisse et du diocèse ces « petites communautés » où se fait l'apprentissage de la vie en quartier — et se resserrent les liens entre chrétiens par la prière commune - le dialogue - et un travail bien réparti.
Posons-nous sérieusement la question, comment se fait-il que l'Église soit de nature communautaire, que nous soyons dotés de tant d'organes de type communautaire et qu'il n'en paraisse rien au plan social ?
Dans une société où le cultuel - l'économique - ou le politique ne sont plus reliés, il est très important de multiplier les groupes de dialogue, d'insertion paroissiale et sociale. C'est le rôle des « petites communautés » qui sont à l'intersection de la vie sociale et paroissiale. Elles auront à cœur d'être solidement rattachées à la communauté paroissiale.
La conclusion c'est que tout effort pour promouvoir ensemble l'Évangélisation est éducateur du sens communautaire, il rend possible le sens social. De même que si l'amour et la responsabilité ne sont pas absents de la famille, celle-ci devient foyer de générosité, d engagement personnel pour l'enfant devenu grand.
L'Église locale passe par la formation et l'attention à la grâce !
Le Synode poursuivra aussi celui des précédents : mettre debout « l'Église locale » et d'une manière urgente dans ses cadres et prêtres. Que de progrès réalisés cependant depuis 1970 et 1973 ! Toute la vision nouvelle que le Synode a de la formation des responsables, il la tire d'une conviction : à l'origine de tout est l’Éducation de l'enfant comme tâche familiale et communautaire soit à l'école soit après l’école. Mal adaptée, déficiente, en contradiction avec le milieu culturel ou l'évolution socio-économique, l’éducation est souvent mise en échec. Sans nous faire d'illusion sur la possibilité d'apporter des corrections, quand la base a manqué, reconnaissons que le Seigneur est venu en aide à des jeunes, à des familles, par sa grâce toute puissante. C'est un émerveillement pour tous et toutes de constater que la Foi, la prière, la vie communautaire, autrement dit la rencontre avec Jésus et Marie, ont amené, parmi les plus pauvres, les plus déshérités et les plus meurtris, certains à une vie apostolique dans le laïcat - la vie religieuse - voire même aux études en vue de la prêtrise !
Les Commissions ont pu parfois être effrayées par la réalité qu'elles ont trouvée ! Qu'elles n'oublient pas cette miséricorde toute puissante et transformante du Seigneur. Le renouveau a été la préparation lointaine du Synode.
Que le Synode soit un rappel de ce que tout renouveau est accessible à tout homme, toute femme. L'Esprit pénètre les cœurs alors que les portes sont bien bloquées depuis très longtemps. L'Esprit Saint construit solidement aussi selon les étapes progressives de croissance de tout enfant, adolescent, adulte.
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Le premier Synode de 1970 a été un Synode de dialogue ; il a mis en place de nouvelles structures (catéchèse tout particulièrement et communications sociales) pour qu'en même temps l'Église renouvelle son visage. Le second Synode de 1973 a été un prolongement du premier et avec la Révision Apostolique de 1978 a permis une première adaptation à la mission d'aujourd'hui.
Le troisième Synode se tient après que le Territoire ait connu, l'agitation - des événements inquiétants soit à Papeete soit dans les îles. Nous constatons un durcissement dans les relations humaines et sociales. Le Territoire accède aussi aux grandes questions internationales. Le Renouveau, le développement de la vie apostolique (Légion de Marie) ont été un « Don » immense et non programmé. Il n'a pas suffi à arrêter certains sur la voie du découragement, de la tiédeur, ou du désengagement.
Le troisième Synode va nous suggérer de nouvelles orientations... soyons ouverts à l'Esprit maintenant et en tout ce qui suivra d'inattendu ! Le 3ème Synode a vraiment cherché dans tous les domaines où était notre nouvelle mission. Chaque Commission a consacré un temps illimité aux rencontres -aux réunions - aux échanges - à la présentation des projets de résolution aux paroisses et maintenant aux Assemblées Générales.
Cette nouvelle mission passe par le « concret » de multiples propositions. Elles feront de nous une « communauté diocésaine en service »
1- pour la création de communautés - carrefour de tous nos engagements,
2- pour une Eglise locale qui commence comme tout dans le Monde, dans l'enfant et sa famille,
3- pour une foi vivante source de tout engagement au service de l'Eglise ou de la société,
4- pour atteindre en nous aidant et nous éclairant mutuellement, les jeunes et les plus loin.
Sainte Thérèse de l'Enfant Jésus, patronne secondaire du diocèse — patronne des Missions, pourrait très bien nous guider dans notre recherche de cette « nouvelle évangélisation hardie et pleine d'espérance ». Elle nous offre sa jeunesse - son esprit de décision - son inquiétude pour les très loin. Quelle formidable force sociale et spirituelle peut constituer la famille !
« Seigneur, fais-nous aller vers les autres...
chez qui Tu nous attends ! »
(Prière du Synode)
Mgr Michel COPPENRATH