Les Jeunes

En se référant aux chiffres de l’I.T.T.S.T.A.T. de 1988, les jeunes entre 14 et 18 ans sont 16 571 (8,8 %) et entre 14 et 25 ans sont 47 458 (25,1 %) sur une population de 188 814 habitants.

Cette fraction de la population est loin de constituer ce que l’on pourrait appeler la « Jeunesse » pour laquelle il est difficile de fixer un point de départ après l'enfance et un point d'arrivée avant la maturité.

Ce fut du reste une première constatation de la Commission. II y a certes au sein des familles et des paroisses des conflits de génération, des conflits de niveaux culturels mais les jeunes eux-mêmes réclament des aînés et voire même des adultes dans leurs associations et mouvements. Le monde scolaire, dans sa partie enseignante, n'est-il pas encadré par des adultes ? Il paraît sans doute ingénu de le rappeler ! Mais en Polynésie où la population totale dépasse 100 000 habitants, la coexistence des jeunes et adultes existe. La Commission veut la rendre plus conviviale pour guider peu à peu les jeunes vers le sens des responsabilités et leurs divers engagements. Cela demande sans doute avant tout une conversion des adultes qui auront à regarder les jeunes avec plus d'objectivité, de réalisme et d'espoir. On ne doute pas de ceux avec lesquels on chemine, et que l'on aide. Le Christ a accueilli les enfants. Il a accueilli un jour un jeune. Il est entré en dialogue avec lui. L'Église doit en faire autant, mais de par sa nature en elle jeunes et adultes font partie d'un seul Corps et sont d'un même Esprit.

La seconde constatation c'est la diversité des mouvements de jeunes pouvant faire une place importante aux jeunes.

~   Le Scoutisme, le plus ancien des mouvements dans l’archidiocèse (1947) : qui reste au-delà de toutes les adaptations, un mouvement éducatif, formant à la responsabilité et intégré à la vie même de l'Église.

~   Le Mouvement Eucharistique des Jeunes fondé ici en 1956, qui offre à partir de l'Eucharistie aux jeunes, dans leurs différentes tranches d'âge, les moyens de grandir dans la Foi et en favorisant le témoignage et la prière. Célébrer et vivre l'Eucharistie.

~   L’association pour le Monde des Jeunes née au second Synode en 1973 qui propose à ses membres l'évangélisation du Monde des Jeunes, la plupart du temps a partir de la paroisse et par la même conduit les chrétiens actifs en paroisse à s'intéresser a leurs frères et sœurs.

~   La FSCF la dernière née en 1981 vise essentiellement à la formation des jeunes et des animateurs d'où qu'ils viennent où qu'ils soient, et assure en Polynésie un service des plus importants.

Il y est difficile de donner un chiffre exact des jeunes encadrés dans ces 3 associations. Certains jeunes sont enclins à entrer d'eux-mêmes dans des mouvements - d'autres plus nombreux, n'y songent pas. L'Église s'intéresse aux jeunes des mouvements car c'est un moyen de continuer leur formation chrétienne, de la compléter et de l'améliorer. Mais n'oublions pas que dans l'Église il y a un tronc commun que rien ne peut remplacer soit le catéchisme - l'initiation aux sacrements - le témoignage dans son propre milieu - et l'apostolat. Tous les mouvements se sentent des plus concernés par le sacrement de Confirmation, la manière dont on s'y prépare, et l'âge auquel on y est admis.

Tout mène ou ramène à la nécessité baptismale de l'engagement, première étape vers la découverte de la vocation.

La troisième constatation c'est que la grâce, l'Esprit-Saint ne sont pas limités par nos programmes, nos plans et même notre Pastorale. On a vu des jeunes touchés par le Renouveau, telle ou telle retraite, tel ou tel autre groupe de jeunes, sortir de leur profonde misère, découvrir Dieu, l'Espérance, s'unir... les jeunes souvent pauvres, démunis, meurtris par la vie n'ont pas les obstacles de la richesse - du confort - de la vie professionnelle pour changer de vie et s'engager sur les chemins d'une conversion profonde. Ils font aussi l'expérience chrétienne de la vie communautaire sans laquelle ils ne pourraient se défendre contre les multiples tentations d'une société qui risquait d'être le tombeau à jamais fermé de leur enfance et de leur jeunesse.

L'Église se doit d'être attentive à l'accompagnement des jeunes qui ne suivent pas toujours les voies des institutions depuis longtemps établies. Mais sans communauté, beaucoup de jeunes ne pourront jamais faire surface et vivre de la foi tout en s'intégrant à la société et à l'Église.

Le Rosaire Vivant, le Renouveau avec ses groupes de prière peuvent, à condition de se montrer accueillants, offrir aussi à des jeunes une insertion enrichissante dans la communauté chrétienne.

Il existe aussi d'autres petits groupes plus récents et plus modestes de chrétiens et chrétiennes qui aident les jeunes en particulier pour leurs vocations.

Sans doute en 1985 pour l'Année de la Jeunesse, nos mouvements s'étaient mis en cause pour être plus fidèles à leurs objectifs. Le Synode leur demande de tenir compte aussi des fruits de leurs réunions, de leurs échanges et des orientations qu'ils proposent notamment sur le plan institutionnel.

Mais le Synode reste marqué par la 4^ème Journée Mondiale de la Jeunesse qui a réuni autour du Pape, 300 000 jeunes à Saint Jacques de Compostelle. Cette rencontre s'est terminée par un envoi. Le Pape a demandé aux pèlerins de se considérer comme envoyés pour la mission qu'ils sont capables d'assumer dans ou avec l'Église. Mais le Pape a tenu un langage exigeant. Les jeunes cherchent des activités, des engagements, acceptent la mission qu'on leur confie, il faut aussi qu’ils soient fidèles à la morale chrétienne. « Chers jeunes, il existe aussi une pollution des idées, et des mœurs qui peut conduire à la destruction de l'homme. Cette pollution c'est le péché, d'où naît le mensonge » (D.C. p. 836). Le Pape a beaucoup insisté aussi auprès des jeunes foyers, ou ceux qui envisagent le mariage « pour qu'ils soient les témoins au milieu du monde d'aujourd'hui de la vérité sur l'amour » (D.C. p. 837). En résumé Jean-Paul II leur dit : « Si vous voulez servir, laissez le Christ régner dans vos cœurs... n ayez pas peur d'être des saints » « servir : être homme pour les autres ».

Au moment où partout dans le monde s'écroulent les idéologies, que la science se pose de nouvelles questions, Tahiti vit un moment assez exceptionnel de l'Humanité. La Polynésie n'a jamais connu le marxisme, ou le communisme. On ne peut pas dire qu'elle ne souffre pas du capitalisme... du moins d'un partage très mal fait des ressources. Quelle chance peut avoir un jeune qui vit la plupart du temps une situation familiale instable, si en plus il ne trouve pas de travail à la sortie de l'école ?

C'est pourquoi la Commission des Jeunes a voulu faire face aux responsabilités suivantes :

1-  que le jeune trouve des groupes d'accueil qui complètent et ajoutent à sa formation ;

2-  que le jeune trouve dans l'Eglise cohésion - unité et une orientation qui portent à une espérance fondée ;

3-  que le jeune puisse aller au bout de sa vocation ou de sa mission dans la société.

M^gr Michel Coppenrath

Mettre les Jeunes en responsabilité…

B-1    En paroisse, qu'au sein des Conseils Pastoraux Paroissiaux, des jeunes issus des mouvements reconnus par le diocèse puissent apporter leurs opinions, leurs initiatives, leur créativité...

B-2    Que la formation donnée par les mouvements reconnus englobe la totalité de la personne, et éduque jeunes et adultes à percevoir la responsabilité comme un service et non comme un pouvoir, et que cette orientation soit sauvegardée partout.

B-3    À l'école : dépasser la dépendance de l'élève vis-à-vis du maître en développant le sens des responsabilités, fa créativité, l'esprit critique, le discernement, en apprenant a faire des choix qui durent. Les éducateurs veilleront à partager les responsabilités.

Les appeler à la vie communautaire...

B-4    Que chaque paroisse - y compris celle des îles - s'efforce de mettre en place, au moins un groupe de jeunes.

B-5    Qu'en paroisse, il y ait un Comité — formé d'adultes et de jeunes — qui soit le reflet des valeurs évangéliques et qui facilite, avec le clergé, l'accueil et l'insertion de chacun dans la communauté d'Église.

B-6    L'apprentissage de la vie communautaire commence dans la famille : que dans chaque famille se développe le dialogue entre parents et enfants, la prière en famille, la volonté de vaincre les obstacles à la communication (honte, timidité, paresse, abus de TV...), et que les parents encouragent les jeunes à aller vers un mouvement de son choix et le soutiennent dans son engagement.

B-7    À l'école, favoriser les contacts entre enseignants et enfants : récréations, sorties, travail en équipe… et faire progresser chaque classe vers un « mieux vivre ensemble » par le respect mutuel, l’entraide et le partage, et qu'ainsi l'éducation soit continue.

Leur assurer une animation spirituelle...

B-8    En paroisse, qu'une animation spirituelle et des engagements apostoliques, avant et après la Confirmation, soient proposés dans le cadre de petites « équipes apostoliques » soutenues par des pa­rents, des religieux ou religieuses, ou des aines appartenant à des mouvements reconnus (Rosaire Vivant, Légion de Marie, Renouveau...). Pour cette raison, nous demandons que l’âge de la Confirmation soit bien étudie et fixé en fonction du sacrement et de rengagement chrétien.

B-9    Que les retraites pour jeunes — y compris dans le cadre des écoles — soient développées.

B-10  Que les paroisses, communautés religieuses, mouvements, familles et écoles — stimulés par le service diocésain des vocations — contribuent à susciter, promouvoir et soutenir les vocations religieuses et sacerdotales.

B-11  Que soit créée dans chaque école une équipe « d'animation pastorale » autour du chef d'établissement et d'animateur en pastorale.

Tout cela exige de se former
au service des Jeunes...

B-12  Que les responsables de jeunes soient orientés en priorité vers « l'École de la Foi ».

B-13  Que des personnes soient encouragées et formées, tant au plan spirituel que dans le domaine social et pédagogique, pour soutenir les jeunes bloqués ou blessés par la vie, les marginalisés de la société, et les accompagner...

B-14  Dans les écoles, créer des structures d'accueil pour les jeunes en difficulté.

B-15  Aux enseignants et éducateurs, proposer des carrefours de réflexion sur les rapports Science/Foi.

B-16  Pour les catéchètes en école secondaire, créer une structure de formation doctrinale et pédagogique, à partir d'une concertation de tous ceux qui aujourd'hui travaillent à l'évangélisation des jeunes dans le monde scolaire.

Dans le cadre d'une pastorale d'ensemble
de la jeunesse

B-17  Que soit créé un « Conseil diocésain pour la Jeunesse » auquel participeraient toutes les forces vives qui se consacrent aux jeunes, afin de développer un esprit d'Église et sa mission d'évangélisation auprès de l'ensemble de la jeunesse de Polynésie. Sa mission serait particulièrement de donner une suite et de faire aboutir l'ensemble des propositions du Synode.

B-18  Que chaque mouvement reconnu par le diocèse et chaque maison de formation vocationnelle, s emploient à se faire connaître des parents et des jeunes ainsi que dans chaque paroisse.

B-19  Que soit mis en œuvre un « Comité de coordination » des mouvements de jeunes reconnus dans le diocèse, dont les membres seraient choisis par ces mouvements, et qui aurait pour mission : la formation des cadres, la promotion, etc...

B-20  Élargir l'équipe du « Service diocésain de la Catéchèse » pour mieux répondre aux besoins des ca­téchistes en paroisse et en écoles.

B-21  Assurer une meilleure collaboration entre paroisses et écoles, et particulièrement clarifier et définir la place de l'école dans la préparation aux sacrements, spécialement celui de la confirmation.

B-22  Dans les écoles, intensifier les rencontres à tous niveaux :

-  entre enseignants, pour partager et évaluer leur action ;
-  entre enseignants et personnels administratifs (Amicales...) ;
-  intégrer davantage les parents au travail éducatif ;
-  autour d'un projet d'école à réactualiser en cours d'année ;

et entre les écoles, assurer une bonne communication.