La vie des îles

« LA VIE DES ILES »

Elle est déjà très sensiblement différente d'un archipel à l'autre. Sur les îles hautes proches de Tahiti, comme les îles-sous-le-Vent, des communautés catholiques même lorsqu'elles sont importantes, voisinent d'autres communautés chrétiennes beaucoup plus fournies. Aux Australes, il en est de même avec l'éloignement en plus. Elles ont toutes en commun d'être des fondations récentes dont les plus anciennes entre 60 et 80 ans.

Les Tuamotu sont des atolls sur lesquels les communautés sont toutes plus que centenaires à quelques exceptions près — plus dispersées — plus éloignées — côtoyant généralement des groupes religieux minoritaires. L’histoire religieuse des Gambier et Tuamotu fait qu'elles ont été comme le chemin de la foi catholique. II y a à peine 40 ans dans notre Église les autres archipels comptaient peu au regard du secteur des Tuamotu-Gambier sur lesquels vivait presque la majorité du clergé sans l'aide ni de religieuses, ni de frères, ni d'écoles.

L'institution ecclésiale unique était la paroisse.

Le ministère exclusif était celui du prêtre,

Le katekita après la glorieuse époque des convertisseurs avait vu son rôle diminué en grande partie parce que sa formation était tant bien que mal assurée sur place et que la grande majorité des atolls avait perdu après la guerre une partie importante de sa population.

En l'absence du prêtre, la paroisse était centrée sur le culte dominical : importaient surtout les lectures dominicales et les prières traditionnelles. En semaine le commencement et la fin de la journée étaient marqués par le « pure fetii ».

L'attachement à l'Église, le sens de l'Église étaient généralement très forts.

1° La catéchèse des enfants et des adultes était axée la première sur le « Ui nainai » que l'on apprenait par cœur pour une part au moment de la première communion et en entier au moment de la confirmation (dans la meilleure hypothèse).

La seconde, celle des adultes, était axée sur le « Ui tatara » qui entrait dans les mémoires le dimanche après le culte, par une récitation continue ou au moment des « matutu » organisés les jours de fête sur un thème. La catéchèse des adultes était complétée par le « Ui hohoa ».

Le « Rosaire Vivant » existait dans toutes les paroisses : au « puta himene » la plupart des paroisses ajoutait un répertoire généralement très fourni de compositions locales.

Certes après la guerre, chaque Père dans son secteur avait pu apporter des améliorations à une situation rendue de plus en plus difficile du fait de la raréfaction des prêtres de secteur — et du bouleversement qui se produisait.

Les atolls et autres îles ont été les premiers à bénéficier de l'ouverture de l'école des katekita car les candidats des îles étaient en 1970 et quelques années encore après plus nombreux. Les premiers katekita institués ont été des candidats des îles (Anaa - Kaukura - Fakahina - Raîroa... etc). Mais vite les îles ont perdu cette avance : malgré une bonne formation à l'école des katekita... la dispersion, l'isolement ne permettaient pas aux enseignements de porter les fruits qu'ils rapportaient par exemple sur les îles-sous-le-Vent.

Le « Ui nainai » édition complètement refondue de 1979 devint un instrument catéchétique de choix d'autant plus qu'après le Concile du Vatican et après toutes les réformes et la nouvelle présentation de la Foi, le « Ui hohoa » comme le « Ui nainai » étaient dévalorisés.

Mais là commencent les difficultés : dans les centres scolaires, le partage entre enseignement français — ou enseignement en tahitien devient difficile à faire. Et se servir du « Ui nainai » api nécessitait une initiation que l'on ne put donner de suite et partout. Les enfants pour leurs études étaient retirés tôt de leurs îles et loin de leurs familles.

D'où une baisse générale des connaissances religieuses.

2° Par contre le culte dominical auquel est venu s'ajouter l'adoration du Saint Sacrement là où il fut possible de laisser la Sainte Réserve, a bénéficié grandement de l'école des katekita. En l'absence du prêtre du fait qu'un katekita pouvait vraiment procéder à une célébration avec prières - lectures - chants liturgiques de la foule... etc. une vraie liturgie officielle s'instaura.

3° Les amuiraa des îles ont été plus que d'autres secouées ces dernières années par les luttes politiques - les renversements de majorité. Il a fallu qu'elles s'habituent aussi à l'établissement d'une autorité beaucoup plus institutionnalisée, celle des Communes et du Maire. Le cadastre et le problème des terres qu'il entraîne ont créé des inimitiés dans les mêmes familles. La multiplication des communications n'a pas du tout rapproché les gens et les familles vivant sur un même atoll.

D'où en général :

    1. Un besoin de mieux connaître sa foi et une nécessité de mieux transmettre Jésus-Christ ;
    2. Une nécessité de rendre la célébration dominicale digne de l'Eucharistie et d'obtenir meilleure participation ;
    3. L'obligation pour ceux qui accèdent au ministère du katekita de faire un choix entre politique et responsabilité paroissiale ;
    4. Beaucoup d'îles dont les habitants viennent à Papeete sont affamées de K7 programmées au cours d'événements religieux : célébrations, retraites, signe d'un besoin d'une animation spirituelle, d'une formation à la prière ;
    5. Aider au développement des îles en redonnant confiance aux populations. Essayer de donner aux jeunes une formation technique - morale - sociale (CED).

D'où 3 axes :

La Foi — la Formation liturgique — la Formation au Développement

et la nécessité d'atteindre avant tout les jeunes.

La convergence de ces efforts doit tendre à retrouver partout l'unité - le sens de la communauté meilleure défense aussi contre les sectes.

Mgr Michel Coppenrath

Propositions du Synode sur la « VIE DES ILES »

adoptées à l'Assemblée Générale du samedi 28 octobre 1989


Au service de l'animation spirituelle et de l'Evangélisation des jeunes…

A-1    Que les Prêtres chargés de secteurs fassent appel à l'aide de diacres, de  formateurs et d'animateurs du diocèse, sans oublier religieux et religieuses, pour leurs propres îles.

A-2    Pour que les jeunes ne restent pas isolés, organiser des rencontres de réflexion et de partage entre jeunes d'îles différentes.

A-3    Mettre en place et renforcer la coopération entre responsables des paroisses et responsables des jeunes pour développer les activités dans la paroisse.

A-4    Former des animateurs pour les jeunes.

A-5    Que l’A.M.D.J. soit connue et active dans les îles, et qu'elle veille à l'accueil et à l'insertion en paroisse des jeunes arrivant à Tahiti.

A-6    Mieux connaître et soutenir les C.E.D. de Rikitea et de Makemo... entre autres, par une cassette-vidéo...

A-7    Ouvrir, à Tahiti, des centres d'accueil pour jeunes qui poursuivent leurs études, sans oublier de les développer dans les îles...

… des petites paroisses des îles qui veulent mieux prier, mieux célébrer, comprendre et vivre la liturgie, et veulent ainsi plus d'accueil et plus d'unité…

A-8    Que soit donc constitué un Comité Liturgique par paroisse pour répondre à ces appels.

A-9    Si le petit nombre de personnes ne permet pas d'avoir un Conseil Pastoral Paroissial et un Comité Liturgique, que le Conseil Pastoral Paroissial prenne en charge le travail du Comité Liturgique, en faisant appel régulièrement à de nouveaux fidèles bien formés.

A-10  Qu'un petit guide liturgique soit mis à la disposition de ces Comités en formation.

… des paroisses qui désirent une catéchèse adaptée aux îles, une catéchèse qui puisse être développée largement et durablement, dès catéchètes mieux formés…

A-11  La création à l'intérieur du service diocésain de la catéchèse, d'un service spécial pour les îles.

A-12  La formation des catéchistes, dans des sessions de formation aussi bien à Tahiti que sur les îles mêmes, tant pour les cadres que pour les simples catéchistes.

A-13  Qu'un manuel catéchétique nouveau et adapté soit publié en tahitien.

A-14  Qu'un document prépare la réalisation des différentes tâches de ce service.

… du développement et de l'unité…

A-15  Que ceux qui ont une charge dans la direction de la paroisse, n'aient pas de responsabilité politique.

* Une précision à cette motion a été publié par Mgr Michel COPPENRATH le 6 juillet 1995 ;

A-16  Que les familles soutiennent les C.E.D. pour former des agents de développement...

A-17  Qu'à l'exemple de la « session des katekita » ou de l’« École de la Foi », soit instaurée pour jeunes et adultes une session pour la formation au développement, à l'éducation civique et aux vocations.

A-18  Que les amuiraa s'efforcent de créer un « esprit de développement » pour soutenir l'artisanat et les ressources naturelles des îles et atolls, du sol et de la mer : nacre, coquillages, coprah, poisson, cultures diverses... organiser et favoriser le transport et la commercialisation.

 

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