La mosaïque de marbres du Christ Pantocrator de la Cathédrale de Papeete, a été bénie en décembre 2007 à l'occasion des 132 ans de la Cathédrale.
D’un format 1,36 x 0,86 cm, elle a été exécutée par Guy Bernardin, mosaïste de Punaauia: à partir d'un croquis original d’Alain Joannis, ancien professeur de l'école des Beaux-arts de Mulhouse, auteur de plusieurs ouvrages de dessins sur la Polynésie. Elle a été offerte à la Cathédrale par Mr Robert WAN.
Chaque tesselle (éléments de base d’une mosaïque) a été taillée à la main par Guy Bernardin, qui a voulu dans cette réalisation faire la fusion entre l'époque classique (les marbres) et l'époque byzantine (les smaltes en or de l'auréole), séparé dans la réalité par plusieurs siècles.
L'empire d'orient (byzantin), a réalisé plusieurs représentations en mosaïque du Christ Pantocrator (maître de l'univers), celui de Papeete est résolument unique et original car bien qu'il bénisse avec les deux doigts levés (symbolisant sa double nature: le divin et l'humain), il ne tiens plus dans la main gauche le livre de l'Alpha et l'Oméga, qui symbolise le savoir...(mais peut être nous l'a t'il déjà transmis?, en cela il est devenu "invisible", voir plus bas). Le mosaïste et le dessinateur n’ont pas voulu tout "emprunter" dans la symbolique.
L'œil lit et regarde l'œuvre pour contempler à travers elle l'invisible. Verticale, la composition donne une saisie immédiate de l'ensemble. Mais l'œuvre d'art n'est pas seulement un reflet. Signifier, c'est transmettre un enseignement. Le message est de recueillir et diffuser le savoir (représenté traditionnellement à partir du XIIè siècle par la présence du livre). Le rôle du mosaïste est donc humble mais essentiel puisque il introduit ce mode de connaissance intuitive où la beauté visible mène à la beauté spirituelle. L'œuvre des hommes ne fait qu'imiter la nature, et retrouver en elle ses proportions. Elles sont la beauté cachée. Pour que cette beauté apparaisse, elle doit être éclairée. La lumière est un flux d'énergie qui se répand et pénètre les corps, auxquels elle donne un degré de luminosité et fait vibrer les couleurs.
Le fond d'or (l'auréole) marque la rupture entre le monde céleste et le monde d'ici bas, il déplace la scène dans une autre dimension. La lumière solaire qui doit éclairer l'image représente et symbolise la lumière spirituelle.
Un objet d'art sacré n'est pas un objet décoratif, sa signification n'épuise pas son sens. L'image devient, comme la liturgie, une voie d'accès au divin. La fonction du visible est de signifier l'invisible.
Source : Tahiti Héritage