JAUSSEN, Mgr Étienne (1815-1891)
JAUSSEN, Mgr Etienne dit Tepano (Stéphane, en tahitien). 1815-1891. – Premier vicaire apostolique de Tahiti. Né le 12 avril 1815 à Rocles (Ardèche). Études ecclésiastiques au grand séminaire de Périgueux. Ordonné prêtre en 1840. Entre à Vaugirard, chez les picpuciens, où il fait profession le 7 mars 1845. S’embarque le 20 juillet 1845 pour Valparaison (Chili). Y est quelque temps professeur et maître des novices et, dès 1848, après seulement trois ans de profession est nommé vicaire apostolique de Tahiti et évêque in partibus d’Axieri. Arrive à Tahiti, le 16 février 1849 par l’Alemène. Commence par donner des leçon à Haapape (pointe Vénus). Nommé en février 1851 aumônier de la division navale du Pacifique, circule sur la goélette Papeete, Cdt de Bovis, la Thébée et l’Artémise. Fait un voyage en France en 1854. Cette même année fonde à Papeete une école qui compter jusqu’à soixante-dix élèves. En 1855, il achète la Vallée de la mission qu’il tentera de mettre en valeur. Vingt-cinq ans plus tard, une commission, chargée de la visite des plantations de Tahiti, classait seconde celle de la mission… Un anglais de passage écrira au sujet de la propriété de la mission : « His ground are the literrally a garden of acclimatation, so numerous are the useful plats of other lands which he is endeavouting to introduce ».
Mgr Jaussen est le promoteur de la construction de la « cathédrale » actuelle de Papeete. Mais à des difficultés à son propos avec les gouverneurs Saisset et de La Richerie qui, jugeant trop coûteuse la cathédrale rêvée par l’évêque, y substituent une église plus modeste que le gouverneur de La Roncière fit édifier avec le secours du génie local. L’évêque alors se « retira » deux ans à Papeari, laissant le Père Colette à Papeete où il ne revint qu’en fin 1860. C’est Mgr Jaussen qui introduisit à Tahiti les Frères de Plöermel en 1858 et les Sœurs de Saint Joseph de Cluny. Il circula dans les îles sur le Vatican, le cotre de la mission. Il fit beaucoup pour envoyer dans les îles des Tuamotu des cargaisons de cocos et de la terre végétale pour aider à la vie des indigènes. Linguiste, Mgr Jaussen a publié : Grammaire et dictionnaire de la langue maorie, dialecte tahitien (Saint Cloud, 1861), plusieurs fois réédité. On lui doit aussi un catéchisme en tahitien Ui katorika pope, o te Vikaria raa Apotoro i Tahiti (Tahiti, 1851, 99 p.), lui aussi plusieurs fois réédité ; un livre de prière Raanuu na te varua e parau pure (Papeete, 1872, 270 p.) et un résumé d’histoire sainte Faapotoraa faufaa Tahito (1860 ?, 20 p.). Mgr Jaussen avait étudié les bois parlants de l’île de Pâques, découverts par le Père Roussel et interrogé à Tahiti les indigènes pascuans susceptible d’en comprendre le sens. Ses notes furent publiées après sa mort par le Père Ildefonse Alazard : L’île de Pâques. Historique. Écriture. Répertoire des signes des tablettes en bois d’Hibiscus intelligents, d’abord dans le Bulletin de Géographie (n°2, 1893) puis en tiré à part (Paris, 1893, 32 p.). Il existe aux archives de la Maison mère un cahier manuscrit de Mgr Jaussen, Tablettes de l’île de Pâques, contenant la photographie de quatre tablettes étudiées par l’évêque (La Rame, L’Échancrée, La Vermoulue, Le Miro), avec la transcription du texte et la traduction française.
En 1884, sur la demande de Mgr Jaussen, le Père Verdier fut nommé vicaire apostolique et prit en main la direction de la mission catholique pendant que lui-même se retirait dans la paroisse de Papenoo, Arue, où il tenta, dans la grande vallée de ce district, l’élevage en grand de bêtes à cornes. Mais il liquide l’affaire en 1887 à la suite d’ennui dans ses opérations de piquetage et de bornage qui lui attiraient contestations et procès. Il mourut à Papeete le 9 septembre 1891 et la ville, « au frais de la colonie », fit de grandioses et unanimes obsèques à celui qui, pendant près d’un demi-siècle, avait travaillé au bien spirituel du pays et dont la sagesse avait évité bien des conflits religieux et politiques. Il repose au cimetière de la mission catholique dans la Vallée de la mission. Le maire Cardella et le gouverneur Lacascade prononcèrent l’éloge du défunt, cf. Journal officiel des E.F.O. du 10 septembre 1891 et ss. Voir également le Messager de Tahiti du 17 septembre.