Ce pieux prélat, qui dirigea pendant cinq années, de 1844 à 1849, la mission des îles Marquises, s'est éteint à Tours, son diocèse d'origine où il s'était retiré. Sa santé épuisée l'avait forcé à renoncer à la vie active des missions ; il s'était démis de sa charge de vicaire apostolique, ne conservant que le titre d'évêque de Basilite.
Né à Saint-Maur le 18 septembre 1812, Mgr François Baudichon entra dans la Congrégation des Sacrés Cœurs de Picpus et partit en 1886 pour l'Océanie occidentale.
Il est le premier missionnaire qui ait doté le pays des Canaques d'un dictionnaire, d'une grammaire et d'un catéchisme. Aussi acquit-il en peu de temps sur ces peuplades une influence tellement prépondérante qu'il fut choisi pour diriger la mission en qualité de préfet apostolique après deux ans de ministère au milieu de ces sauvages. Cette influence, que Mgr Baudichon n'avait conquise qu'en vue d'opérer la conversion de ce peuple idolâtre, fut très profitable à la France. Ce fut lui qui, lors de la conquête des Iles Marquises, sur la demande de l'amiral Dupetit-Thouars, amena les peuplades de cet archipel, quelquefois au péril de sa vie, à accepter le protectorat du pavillon français plus tard, sous le commandement de l'amiral Bruat, il calma une révolte sanglante organisée contre les Français, et décida les vainqueurs à demander la paix aux vaincus. Ce fut à cette occasion qu'en 1843 il fut, à son insu et malgré un précédent refus de sa part, nommé chevalier de la Légion d'honneur. Il était alors âge de trente et un ans.
L'année suivante, les missions de l'Océanie orientale perdirent leur vicaire apostolique, Mgr Rouchouze, évêque de Nilopolis, qui périt malheureusement dans un naufrage ; le Père François Baudichon fut choisi pour le remplacer, en qualité de vicaire apostolique des îles Marquises.
Peu de temps après son sacre, se produisit un fait que nous citerons pour faire ressortir la supériorité de l'évêque et son influence sur les sauvages qu'il avait mission d'évangéliser. Les peuplades de l'archipel des îles Marquises chassèrent leur roi, dont ils étaient mécontents, et nommèrent à sa place, par acclamation, le nouveau vicaire apostolique. Celui-ci, loin de se troubler, fit semblant de prendre la chose au sérieux, et sur Ie champ il profita de l'autorité qu'on venait de lui conférer pour établir de bons chefs à la tête de chaque tribu, et tout rentra dans l'ordre.