Le frère Martin rendit son âme à Dieu le 27 de ce même mois ; Monseigneur Jaussen put assister à ses derniers moments. Écoutons-le faisant à ses soeurs l’éloge du défunt.
« Malade ici depuis deux ans d’une infirmité (la lèpre) qui lui a enlevé la vue et a fait une plaie de tout son corps, le frère Martin a édifié tout le monde par sa patience et sa piété, comme il l’avait fait dans les missions. Laborieux à ne perdre aucun instant, il était au pied du tabernacle aussitôt que la nuit ne lui permettait plus de travailler. Il y a deux mois encore, tout malade qu’il était, il passait ses journées à la chapelle d’où il ne sortait que pour manger et reposer la nuit. Je lui dois, ou plutôt le bon Dieu lui doit deux églises en pierre et cinq beaux autels en bois : car ce frère avait appris de luimême la menuiserie et s’était formé à la maçonnerie sous le frère Théophile. Extrêmement intelligent, il devinait l’art de faire ce qu’il voyait...
Son assiduité au pied des autels lui avait fait pénétrer les mystères de notre sainte Religion. Il n’y a pas longtemps, il parlait au Père Auguste de la Sainte Vierge et de son rôle dans l’Église. On aurait dit qu’il avait étudié le Plan Divin d’Auguste Nicolas. Enfin je lui ai recommandé la Mission, et ma personne lorsqu’il serait au ciel ; et après sa mort, nous nous sommes tous sentis plus portés à l’invoquer qu’à prier pour lui. Que je voudrais avoir une place comme la sienne ! » (Lettre de Mgr Tepano à ses sœurs du 2 novembre 1863)
Ce frère mourut à 46 ans après en avoir passé 17 dans les missions des Marquises et de Tahiti.